Rencontre avec le photographe de l’agence, Bruno Maurey, il a accordé un peu de son temps à France 3 Normandie pour l’émission « Les gens d’ici », collection de portraits d’acteurs locaux.
Il a la dégaine du photographe, la veste kaki du baroudeur et l’appareil à portée de main. À 51 ans Bruno Maurey promène toujours sa silhouette juvénile et le même plaisir enfantin à déclencher son appareil. Bruno fait partie des photographes qui se baladent avec leur appareil.
« Oui, absolument ! J’ai besoin de toucher mon appareil au moins une à deux fois par jour pour me sentir bien (rires).«
La photo… comme une évidence
Et le charme opère, depuis des décennies, depuis tout petit…
« En fait, j’ai commencé, ce n’est pas dans la photographie mais dans le cinéma le court-métrage à l’âge de 11 ans. À 11 ans, j’ai tourné avec un ami pleins de petits court-métrages. Et lors de mes tournages, il m’est arrivé d’avoir envie de garder des souvenirs. Donc, j’ai commencé à faire de la photographie et ça a été, c’est le cas de la dire, le déclic ! J’ai trouvé la démarche très intéressante dans la mesure où dans une image fixe, il fallait en même temps avoir du graphisme, du mouvement et beaucoup de choses qui sont plutôt faciles avec le cinéma puisque ça tourne et on a le mouvement. Alors que dans la photo, l’interprétation était beaucoup plus délicate et ça, j’ai adoré.«
Sa culture, c’est Rouen !
Après des années passées à Paris dans le milieu de la mode, des voyages à travers le monde pour aiguiser son goût de l’aventure, Bruno Maurey est venu vivre auprès des siens et poser un regard bien veillant sur les Normands. Il a même pignon sur rue, un atelier photo qu’il partage avec deux autres artistes. Il y a quelques semaines, ses photos fleurissaient sur tous les panneaux d’affichage de la ville. La culture à Rouen se déclinait alors en grand et en couleur. Même pour un photographe aguerrit, l’image était saisissante.
« C’est impressionnant, très, très impressionnant. Je suis venu avec ma fille à Rouen et la belle surprise, il y en avaient partout. Il y a eu 163 points d’affichages je crois et j’ai dit, tient faut que je fasse quelques photos quand même. Et quand je suis revenu avec mon appareil photo pour garder ça un petit peu à l’esprit, et bien, la campagne était terminée (rires). »
Inspiré par la lumière…
Des photos qui laissaient apparaître son goût pour le portrait, sa passion pour la lumière.
« En fait dans le travail de studio, pour moi, la lumière c’est 70% de la réussite de la photographie. C’est ce qui va faire toute l’intensité et la beauté de la photo. Ça peut être un travail très très long parce que ça peut prendre presque la journée.«
Cet après-midi-là, Bruno Maurey photographiait l’œuvre du grapheur rouennais Ecloz, pour son prochain catalogue avec l’aide précieuse d’Elodie son assistante, qui se prête à gentillement au jeu de la prise de vue. Après le travail de prise de vue et de lumière, Bruno Maurey apporte un soin tout particulier au tirage de ses photos. Il fut même à ses débuts un maître tireur reconnu en photo argentique.
« Il m’arrive de déclencher et de déjà voir comment je vais réaliser mon tirage. Cette petite colorimétrie supplémentaire qui va amener qu’on va donner de la force au cliché ou quelque chose comme ça et puis ensuite le tirage. Donc là, ça demande d’avoir une machine qui soit d’une qualité photographique et surtout un très bon calibrage pour avoir le respect total de sa photographie. J’ai du mal à laisser mon travail entre les mains de quelqu’un d’autre.«
L’émotion avant tout
En parallèle de ses travaux de commande, Bruno continue à faire des reportages pour lui et entretient une relation suivie avec les habitants d’un village berbère du nord marocain.
« Je connaissais déjà le Maroc mais pas l’atlas et là je suis tombé complètement amoureux. Je suis tombé amoureux de ces gens parce que je pense qu’il faut les aimer pour faire de bonnes photos. Et les gens me l’ont bien rendu. Depuis, il se passe quand même quelque chose d’assez fort et je ne peux plus m’en passer. Lorsqu’on dit « portrait », c’est pas uniquement un plan serré. J’aime bien qu’il se passe quelque chose et en fait, c’est le portrait de scènes de vie. Je travaille déjà pas avec des objectifs de portrait, je travaille pas avec des objectifs qui rapprochent ou quoi que ce soit, j’aime être très très proche de mon sujet pour pouvoir discuter, pour pouvoir capter des choses et ça donne ce type d’image. »
« Et là, pour moi, c’est exactement l’image marocaine et des amazires, cette main, ce visage, ça représente toute cette région.«
Bruno Maurey est un photographe enthousiaste qui parle avec ardeur de son métier. Au bout du monde ou sur le pont Flaubert pour un reportage ou une commande. Le photographe à la même exigence et la même affection pour son sujet. Un enchantement et un plaisir toujours enfantin.
Source : France 3 Normandie (M. Libert, S. Lhote et B. Delande)